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Black City Tour 2 - Récit de fan

Posté : 16 nov. 2013 00:00
par Melbaka
15 novembre 2013. Voilà un an depuis la sortie de Memoria. Moment sacré pour moi puisque c'est alors la nouvelle vraie première sortie du groupe depuis que j'en suis fan, et je savais dès ce moment que ce serait le début d'une grande et belle histoire. Le compte rendu qui suit en relate un des plus beaux chapitres, celui du Black City Tour 2 qui m'a fait vivre quatre concerts. Cette histoire, c'est aussi la mienne, celle de ma vie indochinoise.

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Arf, je les aurai attendus, ces fichus concerts ! Le Black City Tour 1 m'avait clairement laissé sur ma faim malgré la qualité de la prestation (Le Havre le 25/03, Lorient le 29) car il manquait cet éclat d'audace que j'attendais tant. Nous avions pourtant été prévenus, suggérés à demi-mot que la première partie de cette tournée ne serait qu'une mise en bouche avant la suite, mais l'envie de voir enfin Indochine en concert l'avait emporté et comblait mon impatience et mon enthousiasme. Alors quand les premières dates ont été annoncées, je ne tenais plus en place, rêvant du 25 mars comme un jour d'accomplissement, le jour d'une étape nouvellement franchie. Il ne m'en fallait pas plus pour en rêver tous les soirs, les images des précédents concerts en tête que je n'avais alors seulement vu qu'au travers des DVD. Le premier concert à Bercy, celui d'A&J Tour, le Stade... j'aurais tout donné pour être parmi le public ces jours-là, mais on ne revient pas en arrière. Non, c'est devant que je me devais de regarder, me remettre aux prémices de cette nouvelle tournée qui m'accorderait enfin le Nirvana. L'univers de Black City Parade ayant totalement mon aval, rien ne pouvait plus freiner ma joie de vivre enfin ces concerts dans une immersion nouvelle, mais toujours avec cette marque indochinoise qui m'attire tant. Les dates du BCT2 sont annoncées dans la foulée, dans les villes que j'attendais réellement (Caen en tête) mais en attendant, ce sera le Havre. Voir Indochine, c'est ce qui comptait avant tout. A la sortie, je suis lessivé mais heureux, toutefois quelque chose d'indéfinissable me hantait : je n'étais pas totalement satisfait ! C'était un beau concert mais un sentiment de vide me perturbait. L'absence quasi-totale de vidéos peut-être, la setlist trop rigide, l'absence d'avancée ou je ne sais quoi encore... il y avait clairement un manque par rapport aux précédentes tournées, et même si je base tout ceci sur une impression, je n'étais pas le seul à le déplorer. Heureux d'avoir enfin fait mon « dépucelage indochinois » donc (tout le monde me pique cette expression), mais un peu refroidi de cette première expérience. Le second essai à Lorient me satisfait déjà plus, sans doute avec l'effet de (mauvaise) surprise en moins. Troisième essai au Zénith de Nantes à l'occasion du Virgin Radio Live, toujours cette étincelle absente mais un sentiment de satisfaction commence enfin à me gagner. Un espoir pour la suite. Mais j'étais en réalité déjà très confiant sur ce que serait le Black City Tour 2.

Ils peuvent faire mieux que ça, oui, ils feront mieux que ça. Chaque tournée, c'est de plus en plus fort, il n'y a pas de raison pour que celle-ci ne reprenne pas dignement le flambeau. Le premier teaser du BCT2 évacue déjà le reste de mes doutes ! Ce sera bien plus grand, plus beau, plus fort, il fallait juste attendre. Le 17 octobre, me voilààààààà !

Cette première date a quelque chose d'impressionnant. Je savais qu'aujourd'hui, j'allais enfin découvrir THE Indochine, celui dont tout le monde me parle. La Vraie révélation, dans ce qu'Indochine a de plus grand, plus grand que tous les autres. Le zénith de Rouen me paraît gigantesque, d'un air des docks du Havre dont on aurait poussé les murs, et la promesse d'un BCT2 démesuré se cristallise dans cet arc de cercle métallique suspendu au plafond et cette avancée ronde encore mystérieuse. Je me suis gardé de visionner les compte-rendu des précédents dates (trois avant Rouen) pour conserver toute la surprise, que ce soit de la mise en scène ou de la setlist qui avait certainement évolué. On retrouve Klink Clock en première partie, un petit duo que j'aime beaucoup avec notamment cette fille à la batterie bien déjantée qui a de l'énergie à revendre. Ceci fait, je revis cette pression montante du temps qui nous sépare de 20h40, heure d'arrivée d'Indo. Les gens sont heureux d'être là, réagissent aux musiques d'attente, la fosse révise ses ola tandis que les gens des gradins s'installent encore. La dernière musique d'attente s'achève, Trashmen retentit...

Trashmen : Les lumières s'éteignent et seuls des projecteurs bleus traversent encore la salle, on étouffe déjà de plaisir avant même que le concert ait commencé. Mais le rythme de Trashmen est imparable, il est percutant au plaisir et l'on s'accorde à lui en frappant frénétiquement des mains.

Black Ouverture/Black City Parade : Deux minutes plus tard, le silence fatal s'impose de nouveau mais se laisse friter par les grésillements de Black Ouverture qui résonnent au loin. Premier grand changement du BCT2 visible dès que le rideau se baisse, la scène s'entoure d'un gigantesque rideau à 180°, extrêmement imposant vu de près ! Le silence est formidable tant il est pesant mais c'est le visuel qui prend le relais : la cité noire s'affiche enfin au fond de l'écran, d'abord vue de loin depuis le sommet d'une colline. De sinistres branches d'arbre barrent la vue mais s'effacent petit à petit quand la caméra s'approche de manière inéluctable des gratte-ciels, plongeant dès lors le public dans l'univers de l'album. Il y a quelque chose de fascinant dans cette ouverture mais seul Indo semble en avoir le secret, puisque la prouesse était la même aux précédentes tournées avec des intros tout aussi haletantes, mais à chaque fois différentes, Dieu merci. Le BCT2 prend dignement le relais, c'est indiscutable, d'ailleurs le pauvre rideau et le non moins rachot petit rideau de fond du BCT1 semblent déjà bien loin ! Mais la musique reste la même, avec peut-être une nouvelle ampleur due à l'immensité du lieu. Le rythme de Black Ouverture rugit enfin et c'est plein les oreilles que l'on assiste à la fameuse grande innovation de cette tournée : deux rideaux latéraux sortent lentement de derrière la scène grâce aux rails suspendus, aidant l'image à s'étirer et immerger davantage le public qui a le sentiment de voler au-dessus de la ville. Image stupéfiante d'ailleurs par la création d'un visuel 3D dont nous avions un aperçu sur le BCT1, mais ici développé de manière totalement nouvelle. On ne sait où donner de la tête, entre le rythme rugissant de l'intro et ces rideaux qui finissent par se rejoindre au milieu de l'arc de cercle, formant un gigantesque panorama de 360° enveloppant totalement le public à l'intérieur du serpent. C'est grand autant que c'est beau, et arrivé à ce paroxysme d'immersion le groupe enfin installé envoie les premières notes de Black City Parade. Le spectacle déjà son apogée ne pouvait être mieux transcendé que par ce rif de guitare déjà devenu culte. Ce paragraphe étant déjà long je ne vais pas m'étendre davantage, juste dire que le refrain (« I've got a way to see ») prouve mieux que jamais son efficacité dans ce maelström d'image improbable, la vidéo s'excitant plus que jamais au cours de ces séquences. Les rideaux s'ouvrent pendant la chanson pour que tout le monde puisse enfin en profiter, mais l'image d'une enveloppe à 360° est déjà immortelle aux yeux des gens qui ont eu la chance de se trouver à l'intérieur.

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Traffic Girl : Placée en second titre, Traffic Girl se montre d'une efficacité redoutable. Dès le premier gimmick la scène « explose » en confettis qui inondent la fosse. C'est une ambiance de fête à laquelle le thème de la chanson enlève toute naïveté, mais la vidéo de fond est aussi là pour nous rappeler la gravité du sujet. La vidéo, donc, est la même qu'au BCT1 (heureusement, elle était formidable) mais s'ajoute idéalement de l'extrait du journal télévisé de la Claire Chazal coréenne permettant enfin de mettre un visage sur les paroles proférées au début de la chanson. Il va sans dire que ladite vidéo s'adapte à la taille du nouvel écran.

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Belfast : Arf, dire que dans un premier temps je n'aimais pas ce titre, mais force est de constater que son efficacité en concert n'est plus à prouver ! Nouvelle vidéo en fond qui traverse des paysages naturels dans une vision psychédélique, avec des effets visuels assez détonants. Quant à la musique c'est le même plaisir que sur le BCT1, et l'on se dit que l'album a tout de même une sacrée gueule avec des compositions aussi efficaces. Un titre qui a enfin trouvé totalement grâce à mes yeux.

Kissing my Song : Je désespérais d'entendre cette chanson en concert ! Mettez-vous à ma place, ma chanson préférée des années 90, peut-être seulement jouée à l'occasion de Paradize +10... Le groupe en a décidé autrement en l'introduisant dans la setlist du BCT2 ! Certes Punishment Park passe à la trappe mais on ne perd rien au change en sachant la formidable portée de KMS, surtout celle de son refrain. Effet garanti en concert avec les bras levés haut et balancés en chœur. Le Drugstar du Black City Tour.

Punishment Park : Je ne l'ai pas entendue mais elle a été jouée le 31 octobre à Bruxelles, la seule fois jusqu'à présent. Un souvenir sacré du BCT1 pour cette chanson mythique, au passage parée d'une nouvelle intro intense à elle seule. Une alternance plus régulière avec KMS n'aurait pas été de refus, mais elle a été bien plus souvent jouée tandis que Kissing a enfin droit de cité après plusieurs années d'absence. De plus, le message de KMS est bien plus optimiste et dans la lignée lumineuse de Black City Parade.

La Nuit des Fées : A Rouen I, mon premier concert du BCT2, c'est la Nuit des Fées qui prime. Je me dis alors qu'elle avait passé le cap du BCT1 sans alors savoir que Salomé la remplaçait régulièrement. Au contraire d'une probable majorité de fans je garde une préférence pour les Fées, pour son intensité saisissante, sa mélodie féerique, ses paroles lyriques et son refrain puissant. Un bel héritage de Paradize qui brille à ce stade du concert.

Salomé : Première vraie surprise pour ma part, à Rouen II (je m'étais fait spoiler pour Kissing my Song). Salomé est une chanson de génie qui ne doit certainement son absence du CD1 qu'à l'incohérence qu'elle aurait entraîné dans la liste des titres, et non pas à sa qualité que tout le monde a clairement reconnue. Salomé est un titre formidable de BCP qui avait toute sa place dans les concerts du Black City Tour, joué et chanté avec énergie comme la version album ne le fera jamais. La magie du live.

Memoria : Memoria est un des morceaux qui a gagné une nouvelle dimension grâce au BCT2, et est en cela bien plus appréciable, pour deux raisons : d'abord le gain évident de l'apport visuel, juste magnifique. Les rideaux sont alors de retour, cloisonnent le public et diffusent de lumières floues semblables aux phares des voitures, à la lueur nocturne des réverbères et aux néons des gratte-ciel. Cela donne un spectacle lumineux enivrant que les quelques images du clip entraperçues sur l’écran du fond achèvent à la perfection. L'immersion dans le Berlin by Night est totale, enveloppante et émouvante, résonnant de concert avec la musique prenante et les paroles intimes de la chanson. La seconde raison se trouve dans la durée, simplement écourtée puisque la rallonge présente au BCT1 a été tout bonnement coupée. Une bonne chose, car la chanson en était trop longue et plombait un peu trop l'ambiance. C'est à présent rectifié et Memoria s'apprécie enfin à sa juste valeur.

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Little Dolls : Le concert repart de plus belle avec un souvenir du Meteor Tour. Little Dolls est encore jeune mais est en passe d'être un classique du groupe, un hymne retentissant pour le live, en tout cas Indo ne semble pas vouloir faire une croix dessus avant un moment. Les rideaux se sont rétractés pour laisser place aux lumières du fond diffusées grâce à une multitude de spots amovibles, arborant un sépia proche des images d'archives qui constituaient l'univers de la tournée précédente. Un souvenir de guerre, à la veille de la reconstruction de la ville devenue noire et moderne, mais un saut dans le temps ne fait jamais de mal. Quant à la chanson, c'est toujours un plaisir de la chanter, entre les couplets à la mélodie plus que réussie et aux refrains envolés. Ca va toujours ?

Miss Paramount : Le sépia laisse ensuite la place à des néons verts vibrants, c'est là la machine Miss Paramount qui est lancée, une machine bien huilée depuis 1983. Miss Paramount c'est aussi le petit miracle qui pousse enfin les gens à se lever, jusque dans le fond des gradins, et à battre des bras sur le modèle de Nicola. Une chanson pleine d'humour et de légèreté dont le kitsch est devenu au fil du temps un point fort, exploité à juste titre par le groupe à chacune des tournées. J'ai apprécié être à la barrière à Rouen pour lever le bras comme je le voulais, parce qu'en fosse ce n'est pas toujours confortable...

Wuppertal : S'il y a bien une chanson qui a pris une dimension totalement nouvelle grâce au BCT2, c'est bien Wuppertal ! Cela commence avec l'ouverture, un peu à part puisque longue de deux minutes et diffusant des images en noir et blanc de journaux animés dans un style rétro sur musique de ballet d'époque. Je suis totalement admiratif de ce passage, agréablement reposant tout en invitant la salle à un univers encore assez inédit à Indo, aussi courte l'opération soit-elle. Certains l'ont accusée d'être trop longue, bref... Cette ouverture n'existait pas au BCT1 où il fallait se contenter d'un interlude fort discret. Rien que ce gain entre les deux parties de la tournée me fait chaud au cœur... Puis quand démarre Wuppertal... Je savais dès la première écoute de cette chanson qu'elle aurait un effet fantastique en live, ce fut même une évidence à la simple constatation du potentiel fédérateur des vocalises « ohohohohoooooh ». Ajoutez à cela l'autre nouveauté du BCT2 : des images d'une grande esthétique affichant une danseuse asiatique sur l'écran du fond qui au cours de la chanson se déplace par le biais des rideaux autour de la fosse. Pas besoin de mille mots pour décrire ce moment, c'est purement et simplement gracieux. Wuppertal n'est cependant pas complet sans les fameuses vocalises mentionnées plus haut, mais pas de souci là-dessus : le public répond avec force, jusqu'à s'en aplatir le gosier, tant chacun sait la force qu'il faut investir à ce moment précis du concert. Les vapeurs projetées depuis l'avancée finissent de faire de Wuppertal l'instant de communion le plus émouvant et à la fois le plus spectaculaire de la soirée. Même s'il y a de la concurrence...

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J'ai demandé à la Lune : Un point sur cette chanson svp : stop la critiquer. Je sais que depuis le temps beaucoup de fan chevronnés s'en sont lassés et la rejettent aujourd'hui sans le moindre état d'âme. J'aimerais leur rappeler qu'un concert d'Indochine, qui remplit des salles de 7000 à 80000 personnes, comprend un public varié dont on peut distinguer les fans et le « grand public ». Quand Indochine joue, c'est pour tout le monde, et donc également pour les 90% des personnes présents dans salle qui constituent le grand public et que les fans semblent parfois ignorer, or JDàLL est un titre qu'ils veulent entendre. Quant aux fans, ils ont Salomé, Kissing my Song, La Nuit des Fées, A l'Assaut, The Lovers, Le Fond de l'Air est Rouge... c'est amplement suffisant considérant que les 90% des gens susnommés connaissent mal voire pas du tout ces titres. Je trouve également ces « fans » bien ingrats pour rejeter la Lune quand on sait de façon évidente qu'elle est la chanson qui a sorti le groupe de l'ignorance générale et l'a propulsé de nouveau sur tous les devants, et ils n'en seraient certainement pas où ils en sont aujourd'hui sans elle. Enfin, elle reste une superbe chanson que tout le monde peut chanter et qui constitue donc un autre moment incontournable et fédérateur de tous âges, sexe et sensibilité vis-à-vis d'Indo. En outre, le groupe s'arrange pour renouveler son interprétation ce qui n'est pas sans effort, concrètement la rallonge entendue dans les précédentes tournées devient l'intro et elle n'est jouée qu'une fois. Une bonne chose pour le premier couplet que l'on ne chantait qu'une fois auparavant.

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Tes Yeux Noirs : Je ne vais pas répéter pour Tes Yeux Noirs ce que j'ai dit pour J'ai demandé à la Lune, vous m'avez compris, hein ! Classique du répertoire d'Indo, c'est également un arrangement plus ordinaire qu'à l'accoutumée mais la formule électrique n'avait plus été adoptée depuis le Dancetaria Tour (si je ne m'abuse). Tes Yeux Noirs, c'est aussi le moment ou jamais pour les gens autour de l'avancée de toucher Nicola, celui-ci ayant la bonne initiative d'en faire le tour et d'y passer la main pendant la chanson. Un moment fort et touchant dans le sens où Nicola semble réellement aimer aller vers son public, vers ses fans du premier rang, qu'il prend même soin de regarder dans les yeux. Ayant eu la chance d'être à la barrière à Rouen le 18 (et j'ai aussi la chance d'être grand), j'ai pu me détacher des autres mains à son passage pour obtenir de lui une chaleureuse poignée accompagnée d'un regard bref mais chaleureux. Ca a duré trois secondes, mais c'était comme cinq minutes pour moi, et quelles minutes ! Un souvenir précieux et indéfectible, merci Nicola de me les avoir offertes ! Je les dédie à ce regard croisé de nos yeux noirs...

College Boy : « Deux hommes qui vivent ensemble, avoir un enfant, imaginez l'un des deux pères va travailler, euh... et que l'autre abuse de l'enfant. Eh bah oui, ils sont malades de la tête, ils ont besoin de toucher, ils ont besoin de faire du mal à un petit enfant, c'est tout, c'est ça. C'est gens là doivent être enfermés à perpétuité ». Imaginons maintenant un adolescent d'une quinzaine d'années qui découvre son homosexualité. Que va-t-il penser de lui, quelle estime aura-t-il de lui-même après avoir entendu de tels propos ? « J'apprends d'ici que ma vie ne sera pas facile […], je serai trop différent pour leur vie si tranquille, pour ces gens ». Oui, c'est sûrement ça qu'il penserait... Oui, c'est certainement ça. Nicola a su trouver les mots, les pensées, et ce alors que College Boy fut écrit bien avant les déboires homophobes de la Manif pour Tous. Après les avoir dénoncés au BCT1, Indo remet le couvert en précédant la chanson d'une véritable démonstration de l'homophobie ambiante qui s'abat de plein fouet sur la population homosexuelle, les jeunes en particulier. Tout ceci a une résonance forte, palpable même, qui me touche particulièrement. Rien à redire sur le reste de la chanson qui a fait ses preuves en live, sinon que le BCT2 offre quelques éléments de scénographie supplémentaires dont des croix du Christ blanches dessinées par les spots du fond ou le clip joué en accéléré et à l'envers comme à Montréal. Ce clip, cette chanson, c'est une des marques profondes d'Indochine qui s'imprègnent en chacun de nous, que l'on soit homo ou non. Être fan d'Indo est déjà par définition une marque de différence.

Alice & June : On ne présente plus Alice & June, en tout cas la chanson. L'album, lui, ainsi que sa tournée appartient aux souvenirs mais ce sont ceux d'un sanctuaire inviolable dans lequel chaque fan peut s'y replonger librement. Alice & June, c'est un univers unique comme Nicola n'avait encore jamais créé et ne refera sans doute jamais, un univers empreint de tout ce qu'il y a de plus intime chez Indochine : des peluches, du sang, des filles, du sperme, de l'émotion et de la vie. Un monde imaginaire qui se heurte aux monde brutal de la réalité, là où évoluent deux filles qui n'aiment pas l'école ni les hommes pervers et qui voudraient s'enfuir au bord d'un lac niché au fond d'un jardin entre deux falaises. Le principal extrait de ce manoir ouvert est la chanson éponyme qui n'hésite pas à intégrer toutes les setlist, puisque de toute manière il les soulève, les renforce, les condense autour de lui. C'est aussi le moteur imparable qui relance efficacement l'ambiance rock quelque peu dispersé par les chansons précédentes.

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Black City Club : Enfin, le medley... un moyen diablement efficace de survolter la salle tout en variant les plaisirs de la setlist. Le Black City Club, c'est le moment où la salle se transforme en piste de danse, où personne parmi les milliers de personnes présents ne manque de ressentir l'envie de se lever, de danser, de chanter de toutes ses forces. C'est là un énorme avantage du BCC par rapport aux précédents medleys, il est conçu pour faire participer la foule sans la moindre interruption, l'inviter à bras ouverts dans un chant à l'unisson. Je n'étais pourtant pas convaincu dans un premier temps, sans doute trop nostalgique de l'excellent Club Meteor du Stade de France, mais impossible d'admettre aujourd'hui l'honorable pertinence du choix des chansons, de leur style d'arrangement, de leur ordre et leur enchaînement étudiés jusque dans le moindre détail. Cela commence avec un Trashmen résolument électro qui met à ses pieds tous les maîtres du genre (coucou David Guetta!), surtout lorsque les terribles yeah yeah yeahyeahyeaaaaah! de Nicola viennent impliquer l'ensemble du public. D'aucuns ont accusé ces vocalises d'être ringardes, pour ma part je ne le pense nullement et remercie même Nicola pour cette excellent idée, car en plus de la qualité de la trouvaille on apprécie pleinement le potentiel d'échange entre Nico et le public à ce moment précis. Quelque temps plus loin débarque la première chanson du medley, Canary Bay, un classique qui marche à toutes les sauces. Avant Des Fleurs pour Salinger, le medley revient brièvement à Trashmen pour un nouvel échange, ce qui me semble une nouvelle fois fort profitable comme idée pour unifier le medley et ses composantes. Belle surprise de ce nouveau pot-pourri, Paradize vient battre le fer déjà très chaud mais l'enflamme encore un peu plus avec ses phrases percutantes dans une ambiance rouge flamboyant. Playboy est sans doute la présence la plus étonnante du show, apparaissant dans les premières secondes trop calme mais le crescendo du couplet et la force du refrain relance à merveille la machine. Moment fort du BCC, 3ème Sexe réunit mieux que jamais les jeunes et les vieux, les homos et les hétéros, les garçons et les filles dans l'hymne le plus rassembleur du groupe. « On se prend la main », oui, et même si on ne le fait pas toujours physiquement, c'est une réunion spirituelle qui rassemble tout le monde sur la bonne voie, celle de la tolérance (et celle de la bonne musique, aussi)! Je ne parle même pas du « A tous les garçons qui aime les garçons... » scandé par Nicola qui met tout le monde d'accord. Cette version électro de 3ème Sexe est d'ailleurs diablement excellente, mais de toute façon tout est parfait dans ce medley, qui se termine dignement par un retour de Black City Parade revisité dans une version plus légère portée par un piano sautillant. Tout ceci ne serait pas parfait sans le retour fracassant des vidéos et plus précisément des images virevoltantes de la cité noire, surplombées par les lettres du Black City Club brandies au sommet d'un gratte-ciel et dont les lumières rouges feutrées électrisent la salle tandis que la caméra les expose sous tous les angles possibles et imaginables. L'aspect visuel est transcendé par d'autres vues plongeantes sur la cité noire qui brillent de plusieurs couleurs successives et par les rideaux qui volent au-dessus de la scène, ceux-ci brandissant à leur tour les lettres du Black City Club, mises là comme tout à la gloire de cet imposant medley. Un passage juste insensé du concert qui réveille les démons dansants sommeillant en chacun de nous, dangereusement libérés pendant ces quinze minutes d'exaltation. La pause qui suit est alors bienvenue pour reprendre un peu les esprits, même si l'on reste captivé par l'ambiance de vide intersidérale qui s'installe alors et qui fait que voilà, on ne se repose pas tant que ça. Tant pis, on lance la prochaine...

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Marilyn : Immense a été ma joie lorsque j'appris au BCT1 que Marilyn figurait sur la setlist, puisqu'il s'agit ni plus ni moins de ma chanson favorite ! Le groupe semble à son tour ravi de la jouer sur toutes les tournées puisque rares sont les concerts à s'en dispenser, mais Indo est aussi prompt à soigner sa pépite au fil des années. En 2013, Marilyn s'offre une nouvelle dimension avec une intro plus longue et un son plus électro, mais son rythme frénétique est toujours aussi intact, rythme qui d'ailleurs occupe la première minute au cours de laquelle le Black City Tour offre une nouvelle mise en scène. Passé l'interlude du medley, les rideaux se referment intégralement et projettent une nouvelle vue sur la ville noyée sous des eaux rouges ténébreuses, sorte de Styx moderne et urbain qui nous ramène aux enfers de Paradize. L'image est superbe mais serait trop inerte sans ces oscillations qui balayent l'écran de haut en bas à toute vitesse comme pour procurer une nouvelle énergie à la ville, ces mêmes oscillations qui de leur côté sont motivées par les percussions lâchées du trio Oli/Shoes/Boris. L'effet est immédiat, la foule conquise est prête à « vivre encore plus fort », d'ailleurs la magie fonctionne toujours autant depuis le Paradize Tour, le renouvellement perpétuel aidant à préserver sa force.

Trois nuits par semaine : S'il y a bien un tube d'Indochine qui fonctionnera toujours, quelles que seront les circonstances, c'est bien trois nuits par semaine ! On trouve difficilement une chanson aussi rythmée et entraînante tout en portant une mélodie aussi virtuose, devenue indémodable depuis sa sortie au milieu des années 80. Elles fonctionnera toujours car capable de transcender l'espace et le temps, toutes les cultures et toutes les époques, mais aussi toutes les formes de prestations musicales. Sur ce dernier point, constatez comme cette chanson pourtant speed s'accorde à toutes les sauces, y compris dans des concerts où on ne l'attendrait pas (Nuits Intimes, Hanoï...), sans parler du Stade de France où l'enceinte s'est embrasée comme jamais. Cela devient une habitude mais le Black City Tour 2 équipe là aussi la bête d'une nouvelle intro (dont l'air rappelle quelque peu Smalltown Boy), un peu étonnante donc aux premiers abords voire même peut-être... inadaptée ? Mais le temps de repos qu'elle accorde est non-négligeable entre deux chansons aussi mouvementées et dans l'absolu, ce court passage est si joli qu'on y adhère sans se poser de questions. De plus il s'éclipse vite pour laisser place à la guitare de Boris. Inutile de tergiverser quant au reste de la chanson, c'est le passage du concert où l'on brandit les mains armés de trois doigts levés en chantant sans relâche, et on adore ça ! Un éventuel merci à Nicola pour son initiative de faire le tour des gradins pendant les célèbres vocalises du pont (même avec une jambe en moins!), car rien ne l'y oblige. Du reste ce passage confirme l'incroyable instant de fête et de célébration qui s'exerce tout au long de la chanson.

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The Lovers : Les séances de piano-voix manque quelque peu sur cette tournée, pour ne pas dire qu'elle seraient totalement absentes sans The Lovers. Avec Trashmen et Salomé, pas de doute, le disque bonus de Black City Parade n'a rien d'un ajout superficiel. Si bien que ces trois morceaux sont beaucoup plus présents que la seconde moitié du disque principal, c'est dire... Tom Smith a offert un beau cadeau à Indochine avec cette composition, certes simple d'apparence mais je formulerais la chose par « pleine de simplicité ». La beauté pure et simple dans un minimalisme assumé, et une touchante sincérité que transpirent Nicola et Oli dans leur interprétation de la chanson au cours de certains soirs. Nicola en particulier rallie tout le monde à sa cause en invitant à sa peine, concentré non sans maladresse en demeurant à genoux au centre de l'avancée... donc au milieu de ses fans. Rien ne vaut mieux que d'être entouré par les gens qui nous aiment, lui le sait mieux que quiconque.

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(Set acoustique) : Elément qui manquait cruellement au Black City Tour 1, le passage acoustique fait son grand retour (bien qu'il ne soit pas présent tous les soirs). Il est également possible qu'un seul titre soit joué, sinon deux, selon les autres variantes de la setlist et l'humeur du groupe. Le Lac est le morceau qui revient le plus souvent... Je me dois de préciser que pour ce qui est du set acoustique, c'est toute une série d'anecdotes qui me revient à l'esprit (essentiellement pour la date de Rouen II) que j'ai très envie de vous les partager : Le Lac, par exemple, est une des premières chansons que j'ai entendues et appréciées du groupe et après vision du Stade, je ne rêvais plus que de la chanter en chœur avec tout le reste du public en y jetant toutes mes forces. Seulement voilà, voir le trio Nicola/Oli/Boris se tenir à un mètre de moi était trop déstabilisant, surtout quand je n'en demandais pas tant, et les voir jouer si près me perturbait à un point tel que je n'ai jamais réussi à me concentrer sur la chanson ! Elle m'a filé sous le nez, sans doute pour une cause meilleure, mais la réentendre à Caen m'a laissé l'opportunité de nettement mieux en profiter. Quant à A l'Assaut, c'est une autre histoire. Je ne suis juste pas fan de cette chanson et, pire encore, je n'en connaissais même pas les paroles ! Rien de plus embarrassant pour un fan qui se trouve au premier rang (toujours à Rouen) et pour ne pas paraître désobligeant devant Oli que j'avais juste en face de moi, j'ai vaguement fait semblant de chanter et d'apprécier dans le seul objectif de faire bonne figure !... Quand on devient aussi fan d'un artiste, on ne songe pas une seconde à ce genre de situation qui semble bien improbable tant qu'on y a pas été confronté. Enfin, j'ai eu l'heureuse surprise d'entendre Le Manoir à Nantes II, seule et unique date où elle a été interprétée jusque maintenant sur le BCT. Ayant passé trois concerts avant celui-ci je ne m'attendais vraiment plus à de la nouveauté, c'est pourquoi j'ai fondu de joie en entendant l'intro si spécifique à la chanson version acoustique. D'ailleurs la redécouvrir ainsi m'a fait aimer cette version qui me laissait bien indifférent auparavant. La magie du live. Ces moments là sont toujours généreux, ils invitent à pénétrer dans ce manoir invisible et à y partager des moments parmi les plus intimes que le monde extérieur voudrait nous arracher. Et si on se retrouvait tous là-bas ?

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L'Aventurier : J'ai imaginé bien des choses pour la nouvelle intro de l'Aventurier mais certainement pas ce qui va suivre. Le groupe soigne ce passage du concert fort déterminant à chaque tournée et la curiosité de voir le cru Black City Tour s'est vite accrochée à moi et ne m'a plus lâché jusqu'au jour J. Il a été dit que la technologie des projections à 360° serait mise à la contribution du geste poétique (sous-entendu, pas le contraire) mais que pouvait-on bien imaginer en se basant là-dessus ? Toutefois une évidence apparaît distinctement une fois le fonctionnement des rideaux révélé : il y a là l'opportunité de signer quelque chose de grandiose. La musique terriblement puissante qui sert d'intro depuis le BCT1 a de son côté un crescendo ravageur qui laisse imaginer bien des choses sur le plan visuel. Et c'est sans compter sur Nicola qui afflue en idées pour surprendre son public, mais même en sachant cela rien ne semble évident tant les possibilités sont multiples et les limites encore bien nombreuses. J'attends donc patiemment... la fameuse valse électro se profile, et la nouveauté se dessine au loin sur l'écran du fond. Deux mystérieuses mains jointes s'affichent et restent là, dans une image épurée en noir et blanc, mais à mesure que la musique avance et s'intensifie, les mains daignent enfin se mouvoir en se plaçant face au public, puis s'ouvrent comme un fleur en plein épanouissement. Soudainement elles se séparent en gagnant chacune de leur côté l’extrémité du rideau à 180° puis se prolongent grâce aux rideaux mobiles, le tout au rythme des vigoureux martèlements sonores. Les mains sont ensuite suffisamment éloignées pour faire apparaître un torse nu au fond de la scène dont on ne doute plus qu'il s'agit de celui de Nicola, et l'image devient alors suffisamment explicite pour que l'on comprenne ce qui nous arrive : Nicola vient nous enlacer, nous prendre tous dans ses bras pour un grand câlin collectif. C'est lui tout craché. Le spectacle est également saisissant vu de loin avec l'effet d'une ombre gigantesque qui semble vouloir emporter avec elle toute la foule. Avec la musique et ses accents frénétiques qui esquisse vaguement les premières notes de l'Aventurier pour que chacun comprenne où on en est, c'est un spectacle à peine croyable qui se déroule sous nos yeux. Une fois les mains totalement jointes de l'autre côté grâce aux rideaux enfin fermés, la tension à son dernier stade vient transcender un concert déjà à son paroxysme ; là où le rythme haletant se suspend dans un dernier souffle, achevé par les coups de percussions de Shoes et les quatre pluies de feu, c'est finalement le déchaînement ultime où les lumières folles croisent le rif culte de l'Aventurier. Un relâchement total qui pousse enfin le public à donner le meilleur de lui-même. Quant à la chanson, on la présente plus, et je ne vois rien à y ajouter si ce n'est de rappeler comme ses paroles universelles (à leur façon), ses mélodies déchaînées et son rythme bondissant feront toujours de l'Aventurier un titre intemporel qui trouve grâce aux oreilles et aux âmes de tous horizons. Un miracle indochinois. Et une chanson aussi parfaite méritait une intro aussi bien étudiée.

Le Fond de l'Air est Rouge : L'on peut s'étonner de voir ce titre relégué en fin de concert mais le groupe a certainement ses raisons. L'étonnement susnommé n'est pas le premier puisque son absence quasi-totale du BCT1 en a également surpris plus d'un. Alors pourquoi une telle difficulté à l'intégrer dans la setlist quand on sait la popularité de ce titre auprès des fans ? De mon point de vue, ce n'est pas une chanson idéale pour le live. Elle est certes réussie sur l'album mais son refrain qui tend à retomber trop vite à plat n'aide pas à maintenir l'attention du public. Alors la placer après l'Aventurier comme un dernier tour de danse plus serein est une excellente idée et cela la sauve très certainement d'une absence totale de setlist. Mention spéciale à la superbe vidéo qui lui est attitrée, une série d'images fixe arborant les étudiants québécois menant leur révolution dans des motifs rouge vif. Le thème de la chanson est bienvenu et sied parfaitement à ce qui caractérise les fans d'Indo. Un parfum de révolution flotte dans l'air...

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Europane ou le dernier bal : Le groupe a encore su trouver le ton juste pour terminer l'album, ainsi que les concerts. Europane est comme ce dernier moment que l'on partage tous sans savoir de quoi est faîte la suite, si l'on poursuivra sa vie ensemble ou si l'avenir en décide autrement. Quand je l'entends, je repense à mes amis les plus proches que j'ai connu par Indochine, à notre histoire, certes récente mais intense et je revois chacun d'entre eux qui se tient à côté de moi quelque part dans la ville, au fond d'un port, au coeur d'une fête foraine. Tout cela semble éphémère autant que l'on voudrait le confier à l'éternité. Je voudrais que sur ce port nous restions tous unis à conter notre passé et vivre notre présent, à consolider nos liens qu'Indochine a tissé entre nous, et que l'on oublie un instant ce destin qui peut-être nous séparera dans un futur proche ou lointain. Europane scelle heureusement nos souvenirs attachés à cet endroit, et ça, ça subsistera malgré les imperturbables aléas du temps. Ainsi vont nos vies...

Talulla : C'est assez inattendu, mais le groupe a décidé de rejouer Talulla certains soirs... en faisant monter du monde sur scène comme à l'époque de l'Alice & June Tour. C'est un parti pris que chacun jugera comme il le voudra, mais quel immense bonheur ce doit être pour les heureux élus d'être choisi par Nicola pour monter sur scène et l'enlacer le temps de quelques secondes ! Certes ce court instant de bonheur ne peut s’offrir qu'à une poignée de privilégiés mais pour les autres, c'est un doux rêve que de s'imaginer à son tour passer dans les bras de cet homme débordant de tant de générosité, que l'on soit fille ou garçon d'ailleurs. Quant à la chanson, rien à signaler de plus que la version déjà entendue dans la tournée dont elle est issue, c'est toujours une ravissante berceuse qui n'a pas d'autre prétention que celle d'emporter une dernière fois le public dans le monde des rêves.

Pink Water : « Je pars, je ne reviendrai jamais. Bientôt, le monde m'aura oublié »... Un concert d'Indochine, c'est fantastique mais toujours un peu déprimant quand c'est fini, alors quand c'est sur Pink Water... Cette version plus légère rend la chanson moins pesante mais le fond reste bien le même, écrit et composé comme un signe d'adieu qui tôt ou tard trouvera son utilité. Un adieu, mais de qui ? D'un peu de tout le monde, qui emporte les joies et les peines d'un peu tout le monde, mais dont les traces et les souvenirs se rattachent à la terre pour rendre chaque vie immortelle. Quand ce sera fini, le souvenir d'Indochine restera au fond de la mémoire de chacun de ses fans et ainsi, continuera à exister pour encore bien longtemps. Le monde n'oubliera jamais Indochine.



La setlist est pourtant à peu de choses près la même que celle du BCT1 (qui m'avait déçu), mais avec la nouvelle dimension apportée par les écrans et l'ampleur des zéniths, elle prouve désormais aujourd'hui toute son efficacité ! Que ce soit l'ordre des chansons (ouverture imposante, passage plus calme, relance sur A&J, set acoustique et final épique) ou leur variété (tous les standards, beaucoup du dernier album, raretés...), tout a été bien pensé pour parvenir au meilleur des équilibres. C'est une des règles d'or qui font que les concerts d'Indochine sont toujours de grands moments. Il y en a d'autres bien sûr, comme l'importance accordée au visuel, les innovations qui surprennent, la proximité... Mais ce qui marque plus encore dans un concert d'Indo, c'est ce savoir-faire si typique et surtout extrêmement rare de lier grand spectacle et émotion, très grands moyens et sincérité... car oui Indochine transpire la sincérité, et c'est remarquable compte tenu de l'influence actuelle du groupe. Une sincérité qui se cristallise dans le prix des places (40€), tout simplement donné pour pouvoir assister à un tel spectacle comme on en voit rarement en France de la part d'un artiste français.

Un tel spectacle se voit plusieurs fois, surtout à ce prix, et plus encore quand on voue un amour certain pour le groupe. J'ai alors fait le plus de dates possibles en tenant compte de mes contraintes personnelles et professionnelles, et je m'estime aujourd'hui heureux de m'être rendu à tout de même quatre concerts. Pour moi chacun d'entre eux est unique, chacun est vécu différemment et devient un souvenir qui ne ressemble à aucun autre. Voici à présent mes impressions pour chacune de ces dates :

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Rouen I – jeudi 17 octobre : Je parle un peu de cette journée comme mon premier véritable concert d'Indo, car c'est le jour où j'ai réellement vécu un concert comme j'en ai toujours rêvé depuis que je suis devenu fan. Ayant travaillé à Caen le matin, je me hâte de finir ma journée pour prendre la route, ce qui me fait arriver à 14 heures sur place. D'emblée rassuré en arrivant car beaucoup moins de monde que ce que je pensais, je recherche mes amis déjà présents depuis le matin et équipés de leur numéro pour rentrer en premier. Il fait beau, l'ambiance dans la file est d'une grande chaleur indochinoise et je m'y sens comme un poisson dans l'eau, même en étant le seul de la troupe à ne pas avoir de chiffre sur la main ! L'équipe d'Indo.fr vient même nous interviewer entre-temps et ont eu fort peu de mal à nous repérer, on faisait beaucoup de bruit... Pour les non-numéros, ouverture des grilles à 18h30 et, ô joie, j'arrive sans aucun problème à rejoindre mes amis qui se sont placés autour de l'avancée. Certes je ne suis qu'au deuxième rang mais je ne prive pas de prendre appui sur la barrière et de toute façon, grand comme je suis (1m85), être un peu derrière me pose peu de problèmes, je vois très bien et demeure nettement visible par le groupe. Klink Clock fait la première partie, sorte de réminiscence aux concerts du BCT1 qui n'a rien de désagréable. Quant au concert, j'en ressors trempé mais heureux : j'ai enfin « découvert » en live ce groupe que j'aime tant ! Nicola m'a semblé un peu réservé malgré la réussite du concert, on verrait demain s'il y a du changement. Quant à la setlist, j'entends La Nuit des Fées pour la probable dernière fois. Pas de set acoustique, mais Le fond de l'Air est Rouge et Pink Water. Ayant pris ma journée du vendredi, je reste aux côtés de mes amis en séjournant chez l'un d'entre eux qui habite près de Rouen. Demain sera un grand jour...

Rouen II – vendredi 18 octobre : Cette journée, c'est jusqu'à présent le plus beau souvenir que j'ai de tout Indochine, et un des plus beaux souvenirs de toute ma vie. Je l'ai vécue comme un rêve (oui oui, un rêve indochinois...), un rêve éveillé dont je donnerais tout pour en revivre ne serait-ce qu'un bout... Je l'ai vécue dans les règles de l'art, dans les conditions du fan de base qui se voue tout entier à son groupe le temps d'une journée. J'arrive à six heures du matin devant les grilles et attend patiemment que les campeurs se réveillent pour m'attribuer le fameux numéro, mais il faudra attendre quelque temps dans le froid et la brume matinale. Ceci fait, on retourne un peu au chaud dans la voiture le temps que le froid du matin tombe, puis l'on se réunit dans la file après une séance d'appel qui n'a rien à envier à ceux que l'on faisait à l'école. Je passe ainsi le reste de la journée, faisant des va-et-vient au mcdo à proximité pour me réchauffer avec un bon chocolat chaud, à la voiture pour prendre ce ceci cela, puis je retourne régulièrement à la file, où l'on attend le plus souvent, entre fans. Aux alentours de 16 heures, nous poursuivons l'attente non plus devant mais derrière le zénith, à l'entrée des artistes, tentative qui paiera puisque Nicola lui-même passera devant nous à l'arrière d'une voiture pour gagner le zénith, non sans nous saluer de divers gestes de la main qui tentent de dire merci. On se contente de le saluer, tout en respect, sans chercher à l'importuner, mais ce bref échange était plaisant. Un peu plus tard nous verrons Boris passer en bus. Sur le coup de 18h30, on rentre en priorité dans l'enceinte de la salle et je me précipite naturellement à la barrière de l'avancée, mes amis faisant de même. C'est encore mieux qu'hier, cette fois je suis à la barrière, plus rien ne me sépare de Nicola dont j'espère un contact proche, quel qu'il soit. Les échanges sont nombreux pendant l'attente, on plaisante avec les fans situés en face de nous, on répète les ola que les gens des gradins finissent par suivre allègrement. Ca bouge en Normandie ! La première partie est cette fois différente de Klink Clock, ce sera la seule fois, il s'agit de trois garçons répondant au nom d'Air Bag One, d'un style pop/rock agréable mais qui ne reste pas spécialement en tête. Puis vient Indochine... même folie que la veille, si ce n'est que j'en profite encore plus de là où je suis, avec les boys en face de moi, mes meilleurs indofriends autour de moi. Ca me paraît totalement irréel, trop fou, trop beau pour être vrai. Je me sens totalement en famille, bercé dans la musique qui nous anime tous. Puis vient Tes Yeux Noirs et le fameux tour d'avancée de Nico. Le contact avec lui dont je rêvais se réalise enfin, j'obtiens de lui une poignée de main, certes fébrile mais réelle, et surtout pleine d'émotion. Il me regarde un bref instant, cela dure deux secondes, pour moi c'est une éternité, un moment éternel durant lequel il n'y a plus que lui et moi. Ma grande taille me permet de me distancer légèrement des autres pour totalement m'approprier le moment. Comme si ce n'était pas suffisant, je parviens à immortaliser l'instant en filmant la scène avec mon téléphone, ce qui donne une vidéo complète et parfaitement cadrée ! Certes on ne sait pas que la vidéo est de moi, et que la main que serre Nicola est la mienne, mais moi je le sais, et c'est le principal ! Bref, je veux bien assumer mon côté groupie pour ce coup là, ça ne me dérange aucunement tant ce morceau de vie est trempé dans le bonheur. Le reste du concert file rapidement, j'y entends pour la première fois Salomé, Le Lac, A l'Assaut et je retrouve ma chère Europane qui me serre le cœur. Fin du concert, je retrouve quelques connaissances puis je regagne la maison de mon ami pour une dernière nuit avant de retrouver le bercail, mais à aucun moment dans la soirée j'ai l'impression de redescendre sur terre. Ca m'a trop marqué, je me sens complètement amorphe après avoir vécu tant d'émotions, il me faudra la nuit pour m'en remettre. Histoire de sortir de ce rêve indochinois...

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L'expérience Rouen, déjà magique en soi, sera même prolongée par une indorencontre organisée dans la même ville deux semaines plus tard. J'y retrouve nos partenaires d'attente et ensemble, nous passons un samedi entier à déambuler, à traîner ensemble et à porter les couleurs d'Indochine à la foire St-Romain où l'on ne manquera pas d'attirer l'attention ! Portant le drapeau du Black City Tour sur moi toute la soirée, j'attirais bien des regards curieux tandis que d'autres nous abordaient en se répandant d'éloges sur les mérites du groupe. Et ce n'est pas tout : à l'initiative des organisateurs, guitaristes à leurs heures, nous avons réalisé un cover collectif sur College Boy ainsi que sur quelques autres chansons d'Indo, simplement sur le son des guitares présentes et sur la voix en chorale de ceux qui ne jouaient pas. Je n'ai pas encore vu la vidéo faîte pour l'occasion mais nous avons déjà pris une photo de l’événement que nous avons envoyée à Nicola, qui de son côté l'a retweetée peu de temps après ! Une belle attention alors que le monsieur était de concert à Montpellier ce jour là. Sans doute est-il fier de ses fans normands...

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Caen – lundi 21 octobre : Caen a été une expérience plus étrange. J'étais très heureux de voir enfin le groupe débarquer dans ma ville (ça faisait trop longtemps que j'attendais ça!) ainsi que de faire ce concert en famille, en l’occurrence avec ma mère et ma cousine. J'ai fait découvrir Indo à ma mère il y a quelques mois et celle-ci a adhéré à l'univers qu'elle ne soupçonnait pas, et le concert du Havre a fini de la rendre accroc. Ce concert je voulais le faire avec elle, c'était une nécessité pour moi. Quant à ma cousine, presque totalement néophyte à Indo si ce n'est d'avoir dansé sur l'Aventurier en boîte de nuit dans les années 80, j'avais hâte de recueillir ses impressions. Néanmoins une amertume me ronge le cœur : ce concert, ainsi que le suivant, je le fais en gradins. Un choix assumé, mais quand même... Je savais donc d'ores et déjà que l'expérience ne serait pas du tout la même que celle de Rouen, et que la perte de la proximité du groupe me pèserait désagréablement. Je reste néanmoins enthousiaste et l'idée de voir le spectacle de plus loin reste plaisante. Suite à des soucis de logistique, nous rentrons dans la salle qu'à 19h40, c'est certes tardif mais l'ambiance dans la file dehors était bon enfant, et je me suis laissé impressionné par le monde qui attendait dehors, une foule comme je n'ai encore jamais vue dans ce zénith, et pourtant j'y passe souvent. Bien qu'arrivés à 16 heures, il y avait déjà bien du monde et nous avons eu la désagréable surprise de voir les meilleures places en gradins déjà occupées. La fosse me démange (je pouvais encore aisément me mettre au deuxième rang, derrière mes amis) mais j'ai mis un point d'honneur à rester en famille pour ce concert. On se retrouve certes devant mais loin à droite de la salle et la vue perd sensiblement en intérêt. Heureusement l'ambiance est excellente et les caennais ont tenu à leur réputation d'excellent public, d'ailleurs la salle était bondée comme jamais, prouvant au groupe l'énorme demande de la part de la Basse-Normandie. MA région, dont je peux être fier, fier autant que je le suis du groupe. Je me sens donc chez moi, à l'aise, en famille au sens propre comme au sens indochinois, même si l'éloignement reste pesant. Le concert est comme d'habitude merveilleux, la technologie des rideaux s'apprécie vue de loin mais nous étions trop sur le côté pour en saisir toute la portée. Malchance jusqu'au bout, Nico ne fera le tour des gradins que de l'autre côté pendant trois nuits par semaine ; je suis triste pour ma mère qui aurait aimé le voir au moins une fois de près. Setlist classique avec Salomé, Le Lac et Le Fond de l'Air est Rouge, pas de rappel. Ma mère a retrouvé ses vingt ans tandis que ma cousine m'a confessé avoir pris une sévère claque, je me souviendrai d'ailleurs toujours de son « J'ADORE » lâché entre le medley et Marilyn ! Il y a de quoi, non ? Caen reste néanmoins ma moins bonne expérience parmi les quatre, la joie était surtout d'avoir Indo à la maison et avec ma famille.

Nantes II – jeudi 24 octobre : Dernière étape pour le Black City Tour 2, je ne savais quoi penser sinon que j'étais à la fois triste et heureux de revoir le groupe une dernière fois avant une longue pause. Deux de mes amies et moi étions allés au Virgin Radio Live le 25 mars dernier au zénith de Nantes, où Indo figurait parmi les artistes présents. Six mois plus tard, on remet le couvert, comme un remake avec les mêmes personnages mais le spectacle est cette fois dix fois plus grand ! Ayant travaillé le matin à Caen nous n'avons pu nous rendre devant la salle qu'à 16 heures, ce qui reste suffisamment tôt pour notre objectif : bien se placer en gradins. C'est ce qui distingue le zénith de Nantes de celui de Caen, nous avons pu trouver de très bonnes places en rentrant puisque les gradins étaient encore presque vides quand nous sommes rentrés. Après quelques hésitations, on se trouve trois sièges devant, une barrière juste devant nous pour idéalement nous appuyer ! Se placer en gradins, c'est aussi à défaut d'être près du groupe se laisser l'occasion d'approcher Nicola au cours de 3 nuits par semaine. Après l'échec de Caen, on se fait plus vigilants sur son passage cette fois-ci ! Vigilance qui a payé puisque nous avons pu jusqu'à le toucher quand il est passé devant nous. Pour ma part je lui tapote l'épaule en signe d'encouragement, ça ne vaut certes pas la poignée de main de Rouen mais le moindre contact de Nico me rend inexplicablement heureux. Par rapport à Caen j'apprécie également mieux le spectacle et nous profitions de la place autour de nous et de la grande allée située juste devant pour danser librement. Me sachant au dernier concert d'Indo pour pas mal de temps, je n'hésite plus à danser avec une énergie folle, notamment sur l'Aventurier où j'avais l'impression d'être possédé ! Mention spéciale à la setlist et notamment au Manoir, très belle surprise du set acoustique, et au final Europane/Pink Water qui me fait croire que le groupe savait que je vivais mon dernier concert pour pas mal de temps. Mes amies, habituées à la fosse ne referont pas les gradins de sitôt mais j'ai personnellement beaucoup plus apprécié ce concert que celui de Caen. Malgré tout la fosse m'appelle et je lui répondrai aux futurs concerts. Quant à Nantes, c'est un très beau zénith qui mérite d'accueillir de nouveau le groupe en mars prochain. Le retour est difficile mais c'est un maigre prix à payer pour cette quatrième et dernière étape d'un acte II qui a tenu ses promesses.



Indochine ça ne s'explique pas, ça se vit. 32 après l'Aventurier, 11 ans après Paradize, la magie opère toujours et nous emporte avec elle dans son ciel, dans ses propres étoiles qui brillent encore et continuent pour certaines de naître. J'ai découvert le groupe tard mais le souffle de vie d'Indo n'est pas encore près de cesser et je suis heureux que l'histoire qui se poursuit aujourd'hui ait inscrit mon nom dans ses pages, même dans les dernières, puisque l'important est de figurer d'une façon ou d'une autre dans l'ouvrage. Car l'histoire d'Indochine c'est également nous qui en faisons le récit, nous le faisons vivre comme Indo nous fait vivre, nous en sommes fiers comme ils nous rendent fiers de nous. Le Black City Tour, ainsi que tout ce qui l'entoure est ce chapitre qui m'a fait exister dans ce livre, alors merci Indochine de m'avoir permis de rentrer dans ton histoire. Je ne sais pas où l'on va mais on y va, à ce Black City Tour 3 qui se dessine lentement devant moi, et à ce Stade de France dont je rêve depuis si longtemps. Et quand tout sera fini, moi je n'oublierai jamais ce voyage, ni tous ces gens.

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Re: [CR] Black City Tour 2 - Récit de fan

Posté : 16 nov. 2013 11:07
par J'embrasse pas
Merci de nous avoir fait partager ce récit (long, certes) mais plein d'émotion et de bon sens. J'aime beaucoup certaines de tes analyses, notamment celle de la chanson "JDALL", c'est trés vrai, ressenti, bien écrit. Tu as bien retranscrit les vibrations que l'on peut ressentir pendant un concert d'Indochine. En te lisant, je languis de revoir Indo sur scène, d'aller revivre ce rêve Indochinois au stade de France et à Lyon. Merci beaucoup.

Re: [CR] Black City Tour 2 - Récit de fan

Posté : 17 nov. 2013 00:48
par RoseSong76
Ahhhh! C'est bon de lire un compte-rendu comme ça :thumb: Positif, beau, pertinent et bien souvent émouvant.

De par ta qualité d'écriture on retrouve bien une spontanéité et une simplicité du ressenti des émotions comme du moment présent, si bien que la longueur n'est absolument pas dérangeante. Au contraire, on pourrait encore t' "écouter" des heures durant :mrgreen: .

En te lisant je retrouve en mots toutes les sensations que l'on a ressenti lors de notre premier concert d'Indo en 2006. Ainsi la magie Indo opère toujours...

Juste merci à toi pour cela :clin: .

Re: [CR] Black City Tour 2 - Récit de fan

Posté : 18 nov. 2013 22:03
par Melbaka
Merci beaucoup pour vos commentaires :D

Je l'ai écrit avec le :coeur: , alors j'espère qu'il remue un peu le vôtre au rythme de vos propres souvenirs.

Re: [CR] Black City Tour 2 - Récit de fan

Posté : 22 nov. 2013 14:12
par Rainbow
Très beau CR, un bon condensé de toutes les émotions que l'on peut ressentir tout au long de notre vie indochinoise :D
Avec en plus quelques belles photos pour aérer tout ça, c'est top :wink: