Une lettre

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Verrouillé
Bob interdit de bricolage
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Enregistré le : 18 mai 2003 00:41
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Message par Bob interdit de bricolage »

Je crois que je ne vais pas très bien. Je n’ai jamais réussi à te le dire en face, mais c’est un fait. Depuis treize ans que nous sommes mariés ma « chérie » je ne t’aime pas. Ou plutôt, je ne t’ai jamais aimée. Enfin, je t’ai aimée bien sûr, comme on aime une amie ou comme on aime une sœur voire même une mère, parfois, mais jamais comme on devrait aimer une femme, jamais comme toi tu m’as aimé.
Je pense que tout au fond de toi tu l’as toujours su, tu n’as pas vu le même éclat dans mes yeux que dans les tiens, tu n’as jamais senti un de mes « je t’aime » vibrer, tu les as entendus, mais ils n’avaient aucune magie. Ils n’avaient pas cette vie propre aux mots doux, ces mots qui fonce vers ton cœur en passant par tout ton corps. Ces mots qui te donnent des frissons de plaisir, ces mots qui te font te sentir vivre. Tu sais, tu as cette sensation, comme lorsque tu t’es pété quelque chose et que tu en as eu mal à hurler, à pleurer, à appeler ta mère, juste après, quand tu sens le pic d’endorphine se répandre dans ton corps, atténuant la douleur, cette sensation là, celle qui te fait te dire « Je suis en vie ».
Je ne t’ai jamais aimée comme il faut, je ne t’ai jamais cajolée comme il faut, je ne t’ai jamais bien baisée non plus, je ne t’ai jamais vraiment embrassée ni caressée je ne t’ai jamais ni admirée, ni adorée.
Je ne suis qu’une merde.
J’ai passé ma vie à te mentir, à ne pas te satisfaire, je me hais.
En fait je ne voulais pas écrire ce message, je ne voulais même pas m’affaler sur le siège devant notre ordinateur.
A l’origine, je voulais atteindre le balcon.
A l’origine, je voulais enjamber le balcon.
A l’origine, je voulais sauter du haut de notre cinquième étage et voir fondre sur moi le sol.
J’y ai pensé à cette fin, je l’ai rêvée, je l’ai fantasmée.
J’ai souvent vu le sol m’arriver dessus à toute vitesse et tout s’arrêter dans un bruit d’os brisés.
Je ne veux plus te mentir, j’en ai marre de t’affliger ma vue tous les jours, je n’en peux plus de te voir simuler.
Je crois que je t’aime vraiment maintenant que j’y pense, mais c’est trop tard, je ne te rendrai plus heureuse, ta joie, tu l’as perdue, ou plutôt je te l’ai volée depuis trop longtemps.
Alors je vais terminer cette lettre, je vais me lever de la chaise, aller au balcon et l’enjamber, et, qui sait, j’aurai peut être le courage de sauter cette fois-ci.

Je t’aime.


'Cos Jesus he knows me
And he knows I'm Right

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