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Bob interdit de bricolage
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Enregistré le : 18 mai 2003 00:41
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Message par Bob interdit de bricolage »

Je parcourre cette école et me rends compte que depuis si peu de temps que je suis ici, j’ai intégré chaque brique, chaque bout de couloir , chaque générateur de fonction de ces bâtiments, ou plutôt, j’ai été intégré par chaque brique, chaque bout de couloir, chaque générateur de fonction.
Il est loin le temps où ils me paraissaient grand, mystérieux ces blocs de briques, il y a longtemps que j’ai découvert ce qui deviendrait plus tard mon école, tout intimidé et petit, impressionné par les oscilloscopes et les rangées de pc.
Les bâtiments m’intègrent mais ils ne sont pas seuls j’en ai peur, j’ai l’impression que toute une idéologie, une façon de travailler, et surtout de penser et de vivre prend possession de moi, depuis peu, je me mets à bosser la nuit, ça ne me dérange pas de rester plus tard ici pour terminer un projet, quitte à ne pas dormir chez moi, je ne rechigne pas devant la quantité de travail qu’on me demande de fournir, et je suis fatigué, tout le temps. Où est-il passé le lycéen glandeur ? Parti où, le comique des cours de philo ?
Dans cinq ans, dans cinq putain de petites années, je serai devenu une copie conforme, je serai passé dans ce magnifique broyeur à personnalité qu’on appelle cycle supérieur. Je serai ingénieur informaticien model originel, aucune édition spéciale, pas un soupçon de fantaisie. Dans cinq ans je porterai des costumes cravate. Dans cinq ans, peut être je parlerai voiture avec mes potes au bistrot, peut être même j’arborerai une photo d’un top model en fond d’écran.
Ca me fait flipper de vieillir, ça me fait flipper de me dire que tout ça, toute cette connerie et cette insouciance, nous, toi et moi, qu’on marche vers notre fin, qu’il y a un mur et que je le sais et que je vais rentrer dedans pour passer à travers.
Je me dis que oui, un jour je serai grand, et oui, un jour je serai sérieux, même si cette idée me fait sourire à part moi. Pourvu que jamais je ne perde ce sourire, pourvu que jamais je ne perde totalement ma connerie, et pourvu que notre mur à tous les deux soit loin, assez loin pour qu’on en profite.


'Cos Jesus he knows me
And he knows I'm Right

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