Facette d'une brume (nouvelle)

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Miss Joke
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Enregistré le : 24 juin 2003 12:08
Localisation : où il y a un lit...

Message par Miss Joke »

cela faisait longtemps ke j'avais envie de vous la mettre, j'ai toujours hésité, allez savoir pourquoi. bon, je vs préviens c space. ms j'y tiens assez à ce texte. dites moi ce ke vs en pensez, really ! bon, je vs préviens aussi ke c un peu long...
dites moi, quoi ! il yu a eu plusieurs versions de ce texte, et pour tout dire, je crois ke celle-ci n'est pas encore définitive, mais j'ai la flemme de me repencher dessus en ce moment...



Facette d’une brume


Lulu vit seul dans un appartement de la banlieue parisienne. Petit studio avec le strict nécessaire : salle de bains, cuisine, salon qui fait office de chambre à coucher et une petite pièce qui lui sert de bureau. Lulu passe peu de temps dans son appart’. Sauf peut-être dans sa salle de bains où il entretient sa vieillesse. Lulu se sent vieux à 28 ans. Alors il dépense en produits de beauté. Malgré tout, il se sent assez beau face à son miroir. C’est ainsi qu’il fait passer sa semaine : détours au salon de beauté, minutes passées devant son miroir et obligations administratives. Lulu n’aime pas parler de son job. Occupations futiles qui lui permettent de survivre. Lulu survit la semaine et vit le week-end. Toute la semaine il pense à son week-end, en particulier à son samedi soir. Le samedi passé devant son visage, son image, pour être bien, être beau et peut-être ramener un homme chez lui. Il n’y a que là qu’il se sent bien, devant lui, dans les bras d’un homme rencontré au " Boys to Boys ". La boîte la plus branchée pour les gays parisiens. Ici, il ne rend de compte à personne, il est lui-même. En minijupe noire ou pantalon moulant selon les jours. En débardeur à fines bretelles ou en chemise débrayée selon les jours.

En cette fin d’après-midi pluvieuse, Lulu se prépare pour son soir. En blue-jean moulant et chemise noire décolletée, les yeux légèrement maquillés : eye-liner noir et mascara noir qui lui recourbe les cils. Il est beau. Il passe sa main dans ses longs cheveux noirs bouclés, il est heureux, il se sourit et sort. Il a cessé de pleuvoir, il décide donc de marcher jusqu’à la boîte.

13 euros à l’entrée et une boisson gratuite. Ce sera une vodka martini. Il y a déjà quelques personnes, quelques connaissances, quelques ex, quelques bises au bord des lèvres vites faites.

Il s’assoit, seul, à une table près du bar et commande sa boisson. Matthieu arrive et le voit seul. Il s’approche, le regard inquiet. Leur aventure a duré peu de temps, mais Matthieu semble accroché. Finalement il ose s’asseoir. Pour Lulu c’est une corvée. La règle qu’il s’est inventé a été bafouée et il s’en veut. Règle qui consiste à avoir seulement des désirs instantanés, ne pas s’installer dans la durée. Lulu engage tout de même la conversation, ils parlent de choses et d’autres. Matthieu lui paye un autre verre, cette fois il prend un martini avec glaçons et rondelles de citron. La boîte se remplit peu à peu et la piste de danse commence à se mouvoir dans les miroirs, les petits culs serrés d’hommes en recherche d’une nuit excitante et enivrante.

Les langues commencent à se lier et se délier. Lulu admire et commande un autre martini. Matthieu ne voit que lui, et ne remarque même pas ce jeune ange de l’autre côté du bar, qui semble avoir la même vision attentionnée.

Matthieu invite Lulu à danser. Lulu sourit. Finalement Matthieu est pas mal, peut-être encore une nuit, juste une dernière nuit. Même si Matthieu est un peu trop viril à son goût. Ses cheveux rasés et son corps musclé. Mais ses fesses, qu’il empoigne, sont bien galbées. Oui, juste une dernière nuit.

La musique permet l’abandon, Matthieu se fait plus lascif, le regard planté sur les lèvres de Lulu, les mains baladeuses sous la chemise, Lulu se laisse faire. L’alcool permet l’abandon, Lulu est sous l’effet des voluptés alcooliques. Il se détend sous les caresses de son amant. Lulu devient lui aussi plus lascif, doux et suave.

Alors comme à chaque fois, Lulu devient le centre des regards, Matthieu lui attrape le cou et l’embrasse de force, jaloux. Langues chaudes sur les palais qui s’entremêlent. Lulu rit et retourne s’asseoir, un autre martini glacé et citronné. Quelques hommes tentent la conversation, mais la jalousie de Matthieu et sa main entre les cuisses de Lulu les repousse. Lulu rit dans ses bras.

Un jeune homme, beaucoup plus jeune que Lulu, fait le tour du bar, lassé de mater de loin, il s’assoit, commande une bière et demande à Lulu s’il veut quelque chose. Lulu va pour répondre, mais Matthieu le devance en répondant deux vodka tonic. Matthieu regarde avec tant de haine son rival que Lulu se sent obligé de s’excuser. Matthieu se lève pour prendre les boissons.
- C’est ton ami ?
Une voix basse et une haleine chaude. Pour mieux l’entendre, Lulu se rapproche de lui. Pratiquement joue contre joue. Lulu regarde la bouche, la langue qui passe dessus et les dents qui mordillent nerveusement les lèvres. Lulu ne veut pas retenir les vagues de son ventre. Au diable Matthieu !
- Alors c’est ton ami ?
- Oui et non.
- Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
Lulu attend que Matthieu revienne.
- En fait, je viens de le larguer. Tu danses ?
Matthieu, humilié, pose violemment les verres, l’un se brise, la bière, puis sort de la boîte.

Lulu attrape la main du jeune homme et l’emmène sur la piste. Mais ils ne dansent pas, collés l’un contre l’autre, à l’imitation d’un zouk, ils se regardent. Lulu se sent bien, sa main caressant la nuque, approche sa bouche et pose ses lèvres sur celles tendues. Il regarde les yeux fermés de son partenaire, l’abandon simple. Vertige.
- Tu as quel âge ?
- C’est important ?
- Oui ! Mens sur ton âge, je me sens vieux.
- 22. Et toi ?
- Je t’avais dit de mentir.
- On s’en fout si j’ai menti ou non.
Et cette fois c’est le jeune homme qui lui prend la main, il l’emmène dehors. Ils courent. Ils rient. Lulu se sent vraiment bien.
- On va où ?
- J’aime pas trop les boîtes. J’y viens juste pour trouver quelqu’un. Après je m’en vais, il n’y a pas d’intimité.
Ça n’était pas l’avis de Lulu, il préférait se montrer et choquer. Mais il ne dit rien, ce jeune homme l’intriguait.
- Pourquoi tu ne réponds jamais aux questions que je te pose ?
- Allez viens !
Main dans la main, ils marchent dans la rue, sur les trottoirs encore mouillés.

Ils arrivent dans une petite ruelle. Il sort ses clefs, ouvre la porte et allume la lumière. Une petite pièce. Les murs bleus et la lumière jaune. Un canapé, une télé, une chaîne hi-fi, des posters de Jim Morrison et Iggy Pop, et un tableau de Serge Gainsbourg.
- Je te fais visiter ? Allez rentre ! C’est plus intime, non ?
- C’est chez toi ?
- Oui, allez rentre !
Lulu se déchausse et reprend la main tendue.
- Alors une petite cuisine et au fond une salle de bains et des toilettes. C’est le bordel, fais pas gaffe ! Je suis pas un maniaque du rangement !
Il rit comme un enfant et pose un baiser sur la joue de Lulu.
- Euh, si tu as faim il doit me rester des tomates, un peu de fromage et du vin rouge.
- Je veux bien un peu de vin.
Il prend une bouteille et emmène Lulu dans une autre pièce.
- Et là ma chambre…
Un lit bien fait qui ne demande qu’à être défait aux yeux de Lulu, un bureau et un ordinateur, une armoire et une bibliothèque. Rimbaud, Edgar Allan Poe, Molière, Sand, Nabokov, Gide, Novarina, … Et au-dessus du lit, un autre poster de Serge Gainsbourg.
- Bonne éducation jeune homme ! Dis-moi ils sont de toi ces dessins ?
- Oui. Tu aimes ?
- Ils sont beaux. Et puis ça me touche, j’aime beaucoup cet artiste.
- Ah ben, tout comme moi ! Tu as un album préféré ? Moi c’est " Love On The Beat ".
- Album pour les homos… Moi je préfère " L’Histoire De Melody Nelson " avec les rires de Jane Birkin.
- Oui je l’aime bien aussi. La différence d’âge rend l’histoire plus belle. Bon sinon, tu le veux ce vin ?
- Ouais !
Assis sur le canapé, buvant le vin rouge. Il mit son disque préféré " Love On The Beat ". Ils ne parlaient plus. Encore du vin, puis aussi quelques joints. Ils écoutaient, chacun dans leurs pensées.

Lulu avait terriblement envie de lui. Matthieu bien vite oublié, bien vite préféré ce jeune ange. Les cheveux blonds bouclés mi-longs, parsemés de mèches brunes, les yeux soulignés de noir, les sourcils un peu épais, les bracelets qui clinquaient, le ras du cou, la veste négligée sans rien au-dessous, la peau pâle, la taille fine, les lèvres charnues, le blue-jean, les mains manucurées, les ongles peints en noir. Lulu lui caresse le cou. L’Ange sourit. Lulu l’embrasse doucement, juste ses lèvres, elles sont douces. Puis il le regarde et chante en même temps que Gainsbourg.
- " à frisco non loin de Sodome
là aussi
j’ai connu un très beau jeune homme
qui m’a dit
kiss me hardy
kiss me my love " (1)
Lulu glisse sa main sous la veste, la déboutonne, caresse son torse imberbe, blanc, maigre. Il pose sa bouche, sa langue sur ce ventre chaud.
- Tu es bien mieux qu’une fille…
Et là, il l’embrasse violemment, les lèvres se calquent, les langues chaudes. Les mains moites. Il caresse le dos de Lulu à travers la chemise, sentir la peau, glisse sa main dans son pantalon et effleure ses fesses. Plus profondes les langues, plus près les ventres.
- Attends…, Viens, on va sur mon lit… Je préfère…
S’emmêlant les langues et les cheveux, ils défont ceintures et fermetures maladroitement, émerveillés par la découverte de leurs corps nus, de leur beauté. Lulu sourit, il l’embrasse plus sensuellement et finit de le déshabiller. Il se laisse faire. Lulu descend sa bouche sur le torse blanc se trémoussant. Il l’allonge sur le lit, les jambes pendantes. Lulu lui caresse le sexe avec les mains et le regarde s’extasier. Il y approche lentement sa bouche, le jeune homme lui agrippe les cheveux et se mordille les lèvres, un léger cri s’y échappe. Lulu remonte et l’embrasse à pleine bouche, leurs mains entrecroisées. Juste le bruit de leur salive.

Lulu le retourne dans ses bras, lui embrasse la nuque, les épaules, le dos, les fesses. Il caresse son sexe entre ses fesses, le pénètre, ressort et recommence. Puis il reste en lui. Leurs mains s’agrippent. Ils jouissent. Juste le bruit de leurs cris.
Puis… " Une décharge de six mille volts
vient de gicler de mon pylône
et nos reins alors se révoltent
d’un coup d’épilepsie synchrone " (2)
Ils respirent avec peine. Dos à ventre, Lulu l’entoure de ses bras et l’embrasse derrière le lob de l’oreille. Puis la langue dans l’orifice. Le jeune homme se retourne et lui sourit. Il l’embrasse longuement et languement. Yeux fermés, sensation vertigineuse. Lulu l’allonge sur lui, sa tête sur son torse et lui caresse les cheveux et le dos. Juste le bruit de leur respiration accélérée.

Dans leurs draps souillés, ils se calment et s’endorment.



Les volets étant restés ouverts, l’aube réveille Lulu. La cuite d’hier se fait sentir. Il se sent brumeux. Il ne connaît pas cette chambre. Puis il voit d’écrit sur le mur, en rouge :
" C’est moi qui t’ai suicidé
mon amour
je n’en valais pas la peine
tu sais
sans moi tu as décidé
un beau jour
décidé que tu t’en allais " (3)
Il ne comprend pas bien le sens des paroles et ne se souvient pas de ce qu’il fait dans ce lit inconnu.

Il voit enfin le jeune homme, étendu sur le ventre, nu, à côté de lui. Puis il voit une tâche de sang. Il retourne l’homme, sa gorge est tranchée. Il s’affole. Il ne sait pas qui il est, il ne sait pas ce qu’il a fait avec lui. Il se doute, mais n’a pas d’images claires. Il se lève, prend ses vêtements et les mets sur lui. Il s’en va et court dans la rue.

Vite rentrer chez soi. Une douche, une tisane pour le mal de crâne, dormir, oublier cette vision. Le corps de cet inconnu, merveilleusement beau, baignant dans son sang, la bouche ouverte, si jeune, quelque 17 ans. Il ne connaissait même pas son nom.

Vite, vite, dormir, ne plus penser, un somnifère…

Arrivé chez lui, en sueur, sa porte est ouverte.

Matthieu est là, trois tasses de cafés sur la table, dont une vide et renversée. Matthieu lui sourit. Lulu avait oublié l’humiliation d’hier soir et il avait aussi oublié qu’il lui avait donné un double de son appart’.
- Matthieu qu’est-ce tu fous là ? J’suis crevé, j’ai envie d’une douche et j’ai pas envie de la prendre avec toi. Va-t-en…
- Je t’aime…
- Mat’… J’ai pas la tête à ça… Et ça fait juste deux mois qu’on se connaît. Tu me demandes trop, Mat’, je suis trop volage et tu le sais. Va-t-en s’il te plaît… Je veux pas m’engueuler avec toi, pas ce matin… S’il te plaît…
- C’était bien ta nuit ? Tu l’as passé avec l’Ange ?
Lulu blanchit, les larmes aux yeux.
- C’était bien ?
- Oh, Mat’… Je… Je ne sais plus. J’arrive pas à me souvenir. Seulement ce matin, il était étendu à côté de moi, mort… Matthieu…, j’ai peur
Matthieu sourit et prend Lulu dans ses bras qui pleure.
- Mat’, je sais plus ce que j’ai fait. C’est brumeux… J’avais encore trop bu et trop fumé. Je sais plus… Je sais même pas si je l’ai tué !
- Je sais que c’est pas toi. J’en suis persuadé, mon Lulu… Calme-toi, tout va bien… Je suis là, chut, ne dit plus rien, je suis là et tout va bien, mon ange…
Matthieu embrasse Lulu tout doucement. Lulu se laisse faire.
- " Kiss me hardy
kiss me my love " (4)



" Homme parmi les hommes
dans le noir ou l’ivoire
recherchant les symptômes
d’orgasmes illusoires "

" Putain parmi les putes
j’enfonce dans la fange
où s’étreignent les brutes
et se saignent les anges " (5)




Anna Xelle. Le 14/07/2003
Corrigé le 23/09/2003
le 02/11/2003.




(1) : " Kiss Me Hardy ", Serge Gainsbourg
(2) : " Love On The Beat ", Serge Gainsbourg
(3) : " " Sorry Angel ", Serge Gainsbourg
(4) : " Kiss Me Hardy ", Serge Gainsbourg
(5) : " I’m The Boy ", Serge Gaisnbourg






bon, euh... j'attends vos comments (j'ai enfin osé à le mttre, j'en reviens pas...)

:oops:

kissjoke ;)


"L'envers Vaut L'Androgyne" S.G.

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